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CULTURES EN RAMLI

dans les lagons de Ghar-el-Melh

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Une agriculture entre terre et mer

Paysage d'eau et de lagunes où la densité des sédiments fait virer le bleu au vert, où le vent coiffe les rares arbustes s'aventurant hors des bosquets et emporte les

nuages, où les cultures sont abritées derrières des claies espacées de seulement quelques mètres.

Le paysage a un sens de lecture. Face au vent : vers l'ouest, la succession dense et rythmée des brise-vents de roseaux qui dissimulent les cultures. Face au Jbel : au nord, des perspectives répétées, lignes brisées et jeux de lumière. Les champs sont difficilement perceptibles, brouillés par les cannes, difficilement joignables par les sentiers sous l'eau après la tempête, mais bien là. Il suffit de se mouiller les pieds et les rares patates d'hiver sont encore bien vertes sur le sable blanc.

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L'eau, le sol et le vent

Les cultures en ramlis ont basées sur un phénomène physique exceptionnel et caractéristique de la lagune de Sidi Ali Mekki, rendu possible par la pluie et la séparation entre le lagon et la mer / et la quasi-fermeture du lagon :existant uniquement de par la configuration de lagon fermé de la lagune de Sidi Ali Mekki :le sur-flottement d'une mince pellicule d'eau douce sur l'étendue d'eau salée. Cette propriété, les fellah de la région l'ont apprivoisée et, par accumulation de sable et de fumier sur les dépôts vaseux, ont constitué des sols de cultures à 60cm au-dessus du niveau de la mer. Le mouvement des marrées fait ensuite le travail et porte cette couche d'eau douce jusqu'aux racines, deux fois par jour, générant une forme d'irrigation passive. Ne reste que le vent à dompter. C'est par des systèmes de claies, de brise-vents fait de cannes tressées et espacées de 3m les unes des autres que son impact est réduit. Les Qalas- espace de culture entre les claies peuvent alors être cultivées.

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Tout le travail des fellah est alors de contrôler le bon niveau du sol. Trop haut, le sol se dessèche et devient impropre à la culture, trop bas et le taux de sel brûle les plantes. 60cm est le juste milieu trouvé. Le vent, le piétinement et les récoltes font peu à peu baisser le niveau du sol mettant en péril les cultures. Chaque automne les fellah doivent jauger la profondeur de leur parcelle et rajouter le sable nécessaire pour se trouver toujours à la bonne distance de la nappe.

Carnet de terrain : les ramli de Mohamed Mabrouk

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Le golfe, un territoire plastique

C'est la dérive littorale des sédiments de l'oued Medjerda quia constitué et continue d’alimenter le cordon dunaire séparant les lagunes de Sidi-Ali-Mekki et Ghar-el-Melh de la mer. Mais si la formation des deux lagunes est relativement similaire, leurfonctionnement diffère complètement.

 

Le flux/reflux des marées au sein de la sebkah de Sidi Ali Mekki se fait très lentement, laissant le temps aux courants de déposer les sédiments fluvio-marins(socles des cultures ramli) et permettant le maintien de la fine lentille d'eau douce surnageant en surface.

 

Dans la lagune de Ghar-el-Melh, le flux/reflux des marées s'engouffre par un seul point, leBoughaz, entraînant une accélération des courants et une impossibilité de dépôts sédimentaires.

Cette lagune est ainsi dédiée à la pêche, tandis que la sebkha abrite l'agriculture unique des ramli.

Une complémentarité de ressources

Aujourd'hui, 290 agriculteurs de Ghar-el-Melh travaillent les parcelles en ramli. La grande majorité d'entre eux pratiquent également la pêche, lagunaire ou côtière.

 

L’activité est complémentaire entre les parcelles de ramli qui produisent tout l'été sans irrigation, la pêche dans la lagune, le pâturage ovin et les plantations d'amandiers (aujourd'hui presque toutes disparues) sur les versants du Jbel, et les terres plus riches en retrait des lagunes pour des cultures irriguées et pour l'élevage bovin qui apportera le fumier des ramli.

Une diversité de parcelles 

Les cultures en ramli induisent une taille de parcelle très petite de l’ordre de 0,25ha. Ce morcellement couplé à l’installation des claies brise-vent génère un paysage très géométrique vu du Jbel contrastant avec les formes souples des cordons dunaires.

Suivant leur matrice mère - la structure sur laquelle les parcelles sont accrochées - les parcelles prennent un nom différent et une organisation propre. L’ensemble des cultures représente 220ha et est entretenu par environ 290 agriculteurs également pêcheurs pour partie, dans une dynamique de commercialisation sur les marchés locaux, de troc et de consommation propre.

On distingue :

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Les Edhrii

Accrochées à la digue séparant les deux lagunes

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Les parcelles d’El Hay

Accrochées au cordon dunaire, lieu principal d’implantation des vergers

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Les Mlellah

 

Accrochées au pied du Jbel, parcelles minoritaires issues principalement de l’érosion du Jbel. 

Elles présentent un sol un peu plus riche qu’il faut drainer.

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Les Guettayas

 

Ilots au coeur de la lagune, les plus emblématiques et représentatives, issues des ilots sédimentaires couplés au travail de création de substrat des agriculteurs

Depuis le Jbel Ennadhour, on comprend mieux le golfe d’Uttique et les mouvements sédimentaires qui ont créé ce paysage de lagunes au trait de côte sans cesse remodelé. Les deux visages du Jbel se révèlent : sur la côte sud, au versant très abrupt, l’absence de terres agricoles a poussé les habitants de Ghar-el-Melh à l’invention des cultures en ramli dans les lagunes. La côte nord est bien différente :la pente plus douce du versant permet l’implantation de terrasses agricoles qui descendent jusqu’à la mer.

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À qui profite le paysage ?

La pêche lagunaire est encore largement pratiquée, mais les infrastructures côtières importantes et le développement de l’urbanisation (sans traitement des eaux adéquat) ont perturbé le flux des sédiments et la dynamique de la lagune.

L’urbanisation se développe à toute vitesse sur la lagune de Sidi Ali Mekki : les plages, la fraîcheur estivale et les poissons grillés ont fait le succès touristique de Ghar-el-Melh, mais le prix est lourd à payer. Les parcelles agricoles de ramli, demandeuses en investissements et main d’œuvre, ne font pas le poids face aux pressions du prix du foncier qui s’envole.

Malgré les classifications et les projets, le paysage de «l’arc vert de Ghar-el-Melh» change vite, trop vite, et laisse les agriculteurs amers : «Il faut protéger cet environnement, parce que vraiment c’est là le capital ! On peut pas brûler comme ça son capital !»

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La plage est ponctuée de petits restaurants sur pilotis rivalisant de créativité quant à leur architecture. Ils témoignent de la fréquentation estivale de la plage de Ghar-el-Melh. "L'été on ne voit plus la plage !" nous dit Mohammed.

C'est l'hiver ils sont tous fermés, la tempête de la semaine passée n'a pas l'air de les avoir endommagés, certains ont encore les pieds dans l'eau.

Si leur nombre pose question, leur insertion elle n'empiète sur aucun terrain agricole ni ne bouleverse la dérive des sédiments dans la lagune. Un exemple d'architecture légère dans un territoire plastique ?

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